Page:Loti - Pêcheur d Islande.djvu/80

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de lames de métal eussent jeté, entre deux eaux, chacune un petit éclair.

Le soleil, déjà très bas, s’abaissait encore ; donc c’était le soir décidément. À mesure qu’il descendait dans les zones couleur de plomb qui avoisinaient la mer, il devenait jaune, et son cercle se dessinait plus net, plus réel. On pouvait le fixer avec les yeux, comme on fait pour la lune.

Il éclairait pourtant ; mais on eût dit qu’il n’était pas du tout loin dans l’espace ; il semblait qu’en allant, avec un navire, seulement jusqu’au bout de l’horizon, on eût rencontré là ce gros ballon triste, flottant dans l’air à quelques mètres au-dessus des eaux.


La pêche allait assez vite ; en regardant dans l’eau reposée, on voyait très bien la chose se faire : les morues venir mordre, d’un mouvement glouton ; ensuite se secouer un peu, se sentant piquées, comme pour mieux se faire accrocher le museau. Et, de minute en minute, vite, à deux mains, les pêcheurs rentraient leur ligne, — rejetant la bête à qui devait l’éventrer et l’aplatir.

La flottille des Paimpolais était éparse sur ce