la rembarrait avec mépris. Dix-huit ou vingt ans peut-être, cette bohémienne, un peu plus âgée que moi qui n’en avais que seize ; très basanée, couleur des vieilles terres cuites d’Étrurie, avec une peau d’une finesse merveilleuse ; sa très pauvre robe en indienne mince, d’une éclatante propreté, moulait presque trop sa jeune gorge de statue qui, là-dessous, se devinait complètement libre ; son épaisse chevelure noire était piquée d’épingles de clinquant ; elle avait à ses petites oreilles de gros anneaux d’or et autour du cou un fichu de soie rouge. Ce qui fascinait par-dessus tout, c’était ses yeux de profondeur et de nuit, — derrière lesquels, qui sait, il n’y avait peut-être rien, mais où l’on eût dit que se cachait tout le mysticisme sensuel de l’Inde. Ces yeux-là, je devais les retrouver plus tard chez les bayadères des grands temples hindous, qui sont vêtues de soie et d’or et qui ont la gorge, les bras, même le visage, étincelants de folles pierreries… Sous la rebuffade de la domestique, elle s’en alla,
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