sans cependant l’être assez ; en ce temps-là, il est vrai, les figures chéries qui l’avaient animé pendant mon enfance étaient encore de ce monde et j’avais pu les consulter sur cette transformation ; mais, aujourd’hui que toutes ont plongé dans l’abîme des temps révolus, que ne donnerais-je pas pour retrouver seulement le « salon rouge » qui me les rappellerait davantage !… Oh ! comment ai-je pu le détruire ?… Hélas ! puisque c’est fait, au moins que j’essaie d’en prolonger le souvenir en le décrivant un peu.
Assez grand pour donner le soir des recoins d’ombre, il était dans des nuances volontairement sans éclat ; sur ses murs descendaient du haut en bas de larges raies de deux tons de chamois, séparées par des dorures très discrètes ; peu d’or, même sur les portes, car mon père tenait à ce que tout fût simple. Les meubles marquaient la fâcheuse période Louis-Philippe, acajou, velours rouge coupé par des bandes de tapisserie. La « garniture de che-