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Page:Loti - Ramuntcho, 1927.djvu/16

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Çà et là, on les apercevait au loin, indécises dans le crépuscule, les maisonnettes basques, très distantes les unes des autres, points blancs ou grisâtres, tantôt au fond de quelque gorge enténébrée, tantôt sur quelque contrefort des montagnes aux sommets perdus dans le ciel obscur ; presque négligeables, ces habitations humaines, dans l’ensemble immense de plus en plus confus des choses ; négligeables et s’annihilant même tout à fait, à cette heure, devant la majesté des solitudes et de l’éternelle nature forestière.

Ramuntcho s’élevait rapidement, leste, hardi et jeune, enfant encore, capable de jouer en route, comme s’amusent les petits montagnards, avec un caillou, un roseau, ou une branche que l’on taille en marchant. L’air se faisait plus vif, les alentours plus âpres, et déjà ne s’entendaient plus les cris des courlis, leurs cris de poulie rouillée, sur les rivières d’en bas. Mais Ramuntcho chantait l’une de ces plaintives chansons des vieux temps, qui se transmettent encore au fond des campagnes perdues, et sa naïve voix s’en allait dans la brume ou la pluie, parmi les branches mouillées des chênes, sous le grand suaire toujours plus sombre de l’isolement, de l’automne et du soir.