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Page:Loti - Ramuntcho, 1927.djvu/295

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révolté d’entendre quelqu’un parler ainsi d’elle — et si surpris, du reste, que ce fût cet homme, qui lui semblait fermé aux choses d’amour, cet Itchoua, qu’il avait de tout temps connu l’époux tranquille d’une femme laide et vieille. Mais le coup porté par l’impertinente phrase suivait quand même dans son imagination un chemin dangereux et imprévu… Gracieuse, « enfermée dans une chambre avec lui ! » La possibilité immédiate de cela, si nettement présentée d’un mot rude et grossier, faisait tourner sa tête comme une liqueur très violente.

Il l’aimait d’une trop haute tendresse, sa fiancée, pour se complaire aux espérances brutales. D’ordinaire, il écartait plutôt de son esprit ces images ; mais maintenant cet homme venait de les lui mettre sous les yeux, avec une crudité diabolique, et il sentait les frissons de cela courir dans sa chair ; voici qu’il tremblait comme s’il eût fait grand froid…

Oh ! que l’aventure tombât ou non sous le coup de la Justice, eh bien, tant pis, après tout ! Il n’avait plus rien à perdre, n’est-ce pas ? tout lui était égal ! Et à partir de cette soirée, dans la fièvre d’un désir nouveau, il se sentit décidé plus témérairement à braver