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Page:Loti - Ramuntcho, 1927.djvu/298

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d’autres se sauvant à la nage au milieu des brisants, pour gagner la rive française, dans l’épouvante des prisons de Saint-Sébastien.

Vers deux heures du matin, épuisé, trempé et à demi noyé, il était venu frapper à la porte de cette maison isolée, demander au débonnaire Florentino secours et asile.

Et à son réveil, après tout le fracas nocturne de la tempête d’équinoxe, des pluies de déluge, des branches gémissantes, tordues et brisées, il percevait d’abord qu’un grand silence s’était fait. Prêtant l’oreille, il n’entendait plus le souffle immense du vent d’Ouest, plus le remuement de toutes ces choses tourmentées dans les ténèbres. Non, rien qu’un bruit lointain, régulier, puissant, continuel et formidable le grondement des eaux dans le fond de ce golfe de Biscaye — qui, depuis les origines, est sans trêve mauvais et troublé ; un grondement rythmé, comme serait la monstrueuse respiration de sommeil de la mer ; une suite de coups profonds, qui semblaient les heurts d’un bélier de muraille, continués chaque fois par une musique de déferlement sur les grèves… Mais l’air, les arbres et les choses d’alentour se tenaient immobiles ; la tempête avait fini, sans cause raisonnable,