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Page:Loti - Ramuntcho, 1927.djvu/329

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troublés ensemble, mais que Ramuntcho ne reverra sans doute jamais plus et qu’à l’avenir Gracieuse devra regarder comme avec des yeux de morte, sans la comprendre ni la reconnaître…

Personne autour d’eux, dans la petite allée obscure, et, en bas, le village semble déjà dormir. La nuit, tout à fait tombée ; son grand mystère, épandu partout, dans les lointains de ce pays perdu, sur les montagnes et les vallées sauvages… Et, comme ce serait facile à exécuter, ce qu’avaient résolu ces deux jeunes hommes, dans cette solitude, avec cette voiture qui doit être là toute prête, et ce cheval rapide !…

Cependant, sans s’être parlé, sans s’être touchés, ils arrivent, les amants, à ce tournant de chemin où il faut se dire l’adieu éternel, La voiture est bien là, tenue par un petit garçon ; la lanterne est allumée et le cheval impatient. La supérieure s’arrête : c’est, paraît-il, le terme dernier de la dernière promenade qu’ils feront l’un près de l’autre en ce monde, — et elle se sent le pouvoir, cette vieille nonne, d’en décider ainsi sans appel. De sa même petite voix fluette, presque enjouée, elle dit :

« Allons, ma sœur, faites-leur vos adieux. »