Page:Loti - Rapport sur les prix de vertu, 1898.djvu/18

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

par la rumeur publique, — qui s’égare si souvent dans ses haines, mais qui si rarement se trompe lorsqu’il s’agit au contraire de remercier et de bénir. Toute la population d’un village, ou d’un canton, ou d’une banlieue, s’est unie pour nous dire ceci, par quelque lettre couverte de naïves signatures : « Il y en a un parmi nous qui n’est pas comme les autres, qui ne sait faire que du bien à tout le monde, qui est un modèle de douceur et de dévouement ; vous qui donnez des prix de vertu, venez donc y voir. » Alors, l’enquête a été commencée, avec discrétion, avec mystère, pour ne pas effaroucher le candidat, — et l’enquête presque toujours nous a révélé une existence admirable.

Cette année, comme tous les ans, il y a eu abondance de sujets, et il a fallu choisir, opérer, parmi ces héros du sacrifice quotidien,