Page:Loti - Rapport sur les prix de vertu, 1898.djvu/21

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Joseph, qui s’était déjà signalé par sa charité dans une petite paroisse de Genève, demanda du service comme aumônier dans nos armées et se fit envoyer aux avant-postes d’Alsace. Enfermé bientôt dans Strasbourg, il passa ses jours et ses nuits aux remparts, parmi nos soldats, et gagna, sous le feu de l’ennemi, la croix de la Légion d’honneur. Quand Strasbourg eut capitulé, les Prussiens le trouvèrent aux ambulances et l’arrêtèrent ; leur général cependant lui offrit la liberté, qu’il refusa pour s’en aller en captivité au milieu des prisonniers les plus humbles. Soupçonné d’espionnage par nos ennemis, que surprenait un dévouement pareil, il fut d’abord cantonné à Rastadt, surveillé de près et malmené, jusqu’au moment où l’archevêque de Fribourg, le reconnaissant pour un pur apôtre, le couvrit de sa protection.

« Voulez-vous aller à la mort ? — lui écri-