Page:Loti - Rapport sur les prix de vertu, 1898.djvu/45

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lui faire, d’un ton enjoué, d’innocentes et pieuses petites histoires, pour lui donner à entendre que l’ouvrage va bien, que les demandes affluent et que l’aisance est au logis.


Les dernières dont je parlerai, Messieurs, sont les sœurs Michaud, qui végètent au hameau perdu de la Vermanche, dans le département du Cher, et auxquelles vous avez accordé un prix de 500 francs. Celles-là sont aveugles de naissance, toutes deux. Sous leur vieux toit de paille, sur leur sol de terre battue, elles ont commencé dès l’enfance à travailler comme deux bienfaisantes petites fées. Pendant que leurs parents labouraient la terre, cultivaient le verger qui les faisait tout juste vivre, elles arrivaient, à force de volonté, à tenir propre le ménage et même à préparer les repas ; en