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LE ROMAN D’UN ENFANT

d’ailleurs était-on installé là, en cercle, qu’on entendait « Pan ! pan ! » à la porte de la rue : les petits Peyral, qui venaient me chercher, et qui secouaient tous trois le vieux frappoir de fer, chauffé à brûler les doigts.

Alors, chapeaux baissés, nous partions chaque jour pour quelque entreprise nouvelle, avec des marteaux, des bâtons, des papillonnettes. D’abord, les petites rues gothiques pavées de cailloux ; puis les premiers sentiers alentour du village, toujours couverts d’un matelas de balle de blé, où on enfonçait jusqu’aux chevilles et qui entrait dans les souliers ; puis enfin la campagne, les vignes, les chemins qui grimpaient vers les bois ; ou bien encore la rivière, guéable pour nous, avec ses îlots pleins de fleurs.

Comme revanche de mon calfeutrage et de ma vie trop immobile, trop correcte de toute l’année, c’était assez complet ; mais il y manquait toujours la compagnie d’autres garçons de mon âge, les froissements, et puis cela ne durait que deux mois.