Page:Loti - Roman d’un enfant, éd. 1895.djvu/290

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
276
LE ROMAN D’UN ENFANT

pas même de vin doux, car nous n’en buvions pas, mais de raisins seulement, comme se grisent, au soleil sur les treilles, les guêpes et les mouches.

Un matin de la fin de septembre, par un temps pluvieux et déjà frais qui sentait mélancoliquement l’automne, j’étais entré dans la cuisine, attiré par un feu de branches qui flambait gaiement dans la haute cheminée ancienne.

Et puis là, désœuvré, contrarié de cette pluie, j’imaginai pour me distraire de faire fondre une assiette d’étain et de la précipiter, toute liquide et brûlante, dans un seau d’eau.

Il en résulta une sorte de bloc tourmenté, qui était d’une belle couleur d’argent clair et qui avait un certain aspect de minerai. Je regardai cela longuement, très songeur : une idée germait dans ma tête, un projet d’amusement nouveau, qui allait peut-être devenir le grand charme de cette fin de vacances…

Le soir même, en conférence tenue sur les marches du grand escalier à rampe forgée, je parlais aux petits Peyral de présomptions qui m’étaient venues, d’après l’aspect du terrain et des plantes, qu’il pourrait bien y avoir des mines d’argent dans le pays. Et