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LE ROMAN D’UN ENFANT

Aussi tombais-je de sommeil à cette gare, malgré mon impatience extrême, et ce fut comme dans un rêve que je le vis reparaître, que je l’embrassai, intimidé de le retrouver si différent de l’image qui m’était restée de lui : noirci, la barbe épaissie, la parole plus brève, et m’examinant avec une expression moitié souriante, moitié anxieuse, comme pour constater ce que les années avaient commencé à faire de moi et démêler ce qu’elles en pourraient tirer plus tard…

En rentrant à la maison, je dormais debout, d’un de ces sommeils d’enfant fatigué par un long voyage contre lesquels il n’y a pas de résistance, et on m’envoya coucher.