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LE ROMAN D’UN ENFANT

un ciel d’hiver, me causait une mélancolie sans bornes.

Et en le regardant, je repensai au papillon « citron-aurore » qui existait toujours sous sa vitre, au fond de mon musée d’enfant ; qui était resté à sa même place, avec des couleurs aussi fraîches, pendant que j’avais couru par toutes les mers… Depuis bien des années, j’avais oublié l’association de ces deux choses, et, dès que le papillon jaune me fût revenu en mémoire, ramené par le porche de Bories, j’entendis en moi-même une petite voix qui reprenait tout doucement : « Ah ! ah ! la bonne histoire !… » Et La petite voix était flûtée et bizarre, surtout elle était triste, triste à faire pleurer, triste comme pour chanter, sur une tombe, la chanson des années disparues, des étés morts.


FIN





ÉMILE COLIN. — IMPRIMERIE DE LAGNY.