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LE ROMAN D’UN ENFANT

aussi à un regret mélancolique pour ces matins de mai d’autrefois qui étaient plus lumineux que ceux de nos jours…

En vérité, je crains qu’il ne paraisse bien ennuyeux à beaucoup de gens, ce livre — le plus intime d’ailleurs que j’aie jamais écrit.

En le notant, au milieu de ces calmes des veillées qui sont favorables aux souvenirs, j’ai constamment présente à ma pensée l’exquise reine à laquelle j’ai voulu le dédier ; c’est comme une longue lettre que je lui adresserais, avec la certitude d’être compris jusqu’au bout, et compris même au delà, dans ces dessous profonds que les mots n’expriment pas.

Peut-être comprendront-ils aussi, mes amis inconnus, qui me suivent avec une bonne sympathie lointaine. Et du reste tous les hommes qui chérissent ou qui ont chéri leur mère, ne souriront pas des choses enfantines que je viens de dire, j’en suis très sûr.

Mais, pour tant d’autres auxquels un pareil amour est étranger, ce chapitre semblera certainement bien ridicule.

Ils n’imaginent pas, ceux-ci, en échange de leur haussement d’épaules, tout le dédain que je leur offre.