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Tant le conteur antique avait mis ses soins à retrancher, le long de son livre, tout ce qui n’était pas éternel.


IV

LUCIEN ET NOTRE ARGOT


Chaque fois que j’ai traduit du grec des conversations familières j’ai été surpris ou amusé par les étonnantes coïncidences de l’esprit grec et de l’esprit français. Si j’avais été plus sûr de moi, j’aurais fait un article là-dessus. L’argot même d’Aristophane et de Lucien revit dans l’argot français. Par exemple, cette tournure : « En voilà une, de chance ! », se retrouve en grec avec ses deux génitifs inutiles. Une courtisane de Lucien dit que son amant est « à sec » ; cela signifie qu’il est ruiné, etc. Autant on désespère de traduire une ode de Keats ou un simple quatrain de Heine, autant c’est plaisir que de traduire Lucien : on a l’illusion de le rendre à sa langue originale.