Page:Louÿs - Œuvres complètes, éd. Slatkine Reprints, 1929 - 1931, tome 1.djvu/238

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cochlis

Est-ce qu’il était fou, cet homme, ou saoul ? et est-ce une histoire d’ivrogne ?

parthénis

C’est de la jalousie, ô Cochlis, et de l’amour désordonné. Crocalê, je crois, lui avait demandé douze mille drachmes s’il voulait l’avoir tout seul. Deinomachos a refusé ; alors elle ne lui a pas permis de revenir, elle lui a fermé la porte quand il s’est présenté, elle a reçu Gorgos d’Oinoê, un riche fermier qui l’aimait depuis longtemps, elle a bu avec lui et m’a fait chercher pour jouer de la flûte devant eux. Le souper allait très bien, je jouais quelque chose de lydien, le laboureur se levait pour danser et Crocalê battait des mains, tout était joyeux, quand on entendit du bruit, un cri, et la porte d’entrée fut arrachée. Aussitôt huit jeunes gens vigoureux s’élancèrent, et le Mégarien parmi eux. Vivement, ils renversèrent tout, et Gorgos, comme je t’ai dit, fut roué de coups, jeté à terre et foulé aux pieds. La Crocalê, je ne sais pas comment, s’était sauvée chez sa voisine Thespias. Moi, Deinomachos m’a giflée, il m’a appelée « pourriture », et il m’a jeté mes flûtes brisées. Maintenant je m’en vais, pour tout raconter à mon patron. Le