Page:Louÿs - Œuvres complètes, éd. Slatkine Reprints, 1929 - 1931, tome 10.djvu/147

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l’Estoile ne nous trompe pas, quand il témoigne que ce moine-là s’est défroqué.

L’Amour est une chose si belle, un plaisir si doux…, une vertu si digne et une perle si riche qu’il ne peut recevoir de prix que de luy. Aussi ne se peut-il payer que par un soy-mesme. De toutes les passions spirituelles il n’y en a pas de si utiles à l’homme que celles de l’Amour… Il anoblit les facultez de l’ame. Il modere le tribut qu’elle faict aux infirmitez humaines, la ravit en merveilles,… etc. (f° 35,36).

Ceci dit pour le Plaisir, voici maintenant la page de la Souffrance :

Ah ! que vous nous abusez bien, Poetes insensez, de nous faire croire qu’Amour soit fils de cette douce Venus, ou de quelque Nymphe aimable. Non il n’est pas vrai que d’une mère si douce peut naistre un enfant si cruel. Il est plustost engendré d’une cruelle Thesiphonne, il a plustost sucé le sang d’une sanglante Megere que le laict d’une gracieuse Venus… Que s’il n’est fils des Furies, au moins est-il leur frere comme estant engendré des mesmes parens, car, si vous dictes vray, Poëtes, ces infernales sœurs sont filles du bourbeux Acheron et de la Nuict (f° 57).

Il y a quelque beauté dans cette dernière phrase et qui voudrait prendre la peine de lire l’Antiperistase trouverait aisément d’autres pages à citer.

Qu’est devenu Baptiste Bugnet après avoir quitté le froc ?

Son histoire est bien curieuse. Ce moine trop