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Page:Louÿs - Œuvres complètes, éd. Slatkine Reprints, 1929 - 1931, tome 10.djvu/24

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purent apprécier avec la même compétence l’ardeur de ses jeunes sentiments.

L’un de ceux-ci fut un cousin de Ronsard : Charles de Pisseleu, celui-là même à est adressée l’ode fameuse où M. de Hérédia prit l’épigraphe des Trophées. Les autres, pour être moins célèbres, n’en furent pas moins adorés ni moins amers au cœur du poète.

Cependant, la santé de Marie déclinait. Elle eut un accès de fièvre quarte, pendant lequel Ronsard fit appeler un médecin qui, s’il faut en croire un sonnet, poussa l’examen de la malade un peu plus loin qu’il n’était nécessaire. Le nom de ce Pagello ne nous est point parvenu.

Ronsard la quitta souffrante. Elle avait, dit-il, une haleine de feu et un regard « qui reluisait outre mesure ».

Après ce dernier départ, il se prit à rêver, sur cette fille et sur lui-même, des projets extraordinaires. Il comprit que jamais femme aimée n’avait inspiré en France un Livre d’Amour tel que celui-là ; et soucieux d’en perpétuer le souvenir au delà des âges, il souhaita qu’on voulût lui élever dans les prairies de Bourgueil un monument religieux. Reprenant un vœu de Théocrite, il demanda que cet édifice


Le temple de Ronsard et de sa Marion,


fût chaque année le prétexte de solennelles céré-