mais il ne donna que peu de chose : deux pièces nouvelles au Parnasse des plus excellents poètes (1607), dix-huit aux Muses gaillardes (1609) et ce fut tout. L’an 1611 il était mort, gouverneur de Dieppe en survivance de son père et jamais il n’avait pris soin de faire éditer ses poésies. C’était imprudence de sa part, car voici bien deux cent quatre-vingt-seize ans que M. de Sygognes est mort et le recueil de ses vers est encore à composer[1].
Nous avons même failli en perdre une partie. L’Œuvre de Sygognes parut disséminée dans six florilèges publiés de 1614 à 1622 ; presque tous sont trop connus pour qu’il soit utile d’en donner les titres, mais l’un d’eux[2] est tellement rare que, depuis quatre-vingt-sept ans, un seul exemplaire avait passé en vente, et par un hasard fatal, s’était égaré sans laisser de traces, en 1863, à l’époque où l’on commençait précisément à réimprimer les recueils de poésies du XVIIe siècle. Aucune bibliothèque publique ne possédant d’autre exemplaire, on considérait ce texte comme perdu ; la semaine dernière, quelqu’un eut la fortune de le retrouver. Nous pouvons donc maintenant parler de notre auteur en connaissance de cause.