Page:Louÿs - Œuvres complètes, éd. Slatkine Reprints, 1929 - 1931, tome 10.djvu/36

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ces vers flottent sur le vide comme le manteau du modèle et l’auteur a tiré de là un effet que l’e muet seul pouvait donner :


Ce manteau de damas à grand’figure flotte
Sur son corps délicat comme dents de rasteau
Fait ainsi que l’ardoise au faiste d’un château
Car il ne couvre rien que sa chétive latte.

Quand son doigt de festre la chatouille et la gratte,
De son corps résonnant comme fond de bateau,
Comme clochettes font sous le coup d’un marteau,
Dans l’oreille et partout un petit bruit esclatte

Elle ressemble aux coqs qui gardent les cloches.
Je veux qu’on la balance avec un jeu d’eschets :
Passez-lui sur l’espaule un seul brin de fugère,

Levez du petit doigt pour en prendre le poids :
Les eschets vont à bas, la vieille est plus légère,
Elle ne pèse pas la coque d’une noix.


Vraiment ce dernier vers ne pèse pas davantage. Et qu’il est amusant avec cette simple « coque », qui sonne toute seule au milieu des douze syllabes imperceptibles, comme, dans le geste populaire, l’ongle sonne sous la dent, pour symboliser : « Rien du tout ».

D’autres encore :


Ce ne sont que des os, des nerfs, des yeux de plastre,
On la faisait servir à Rouen de falot
Ou de bride à mulet à Monsieur Amelot.
Cependant elle croit que chacun l’idolastre.