Depuis que ma certitude est faite, je ne presse pas de m’expliquer. Dirai-je encore ceci : L’homme qui, la même année, fit le Cid et le Matamore, pour épurer du brave toute la bravacherie, — le même homme fit ensuite et l’un avec l’autre, Polyeucte avec l’Imposteur, le martyr et l’hypocrite, les deux tenants de l’idéal : celui en meurt, celui qui en vit. Exactement le même procédé et le seul d’où puisse naître le héros sans tache — Rodrigue ou Polyeucte.
J’ai dit qu’en 1658, six mois durant, Corneille avait instruit Molière. Voici la suite. En 1660, Corneille supprime de ses œuvres et jamais plus il ne réimprimera la préface de 1643 où il déclarait sa prédilection irrésistible pour la comédie.
La même année, Molière fait imprimer sa première pièce — la première vengeance de Corneille contre les précieuses.
En 1662, Corneille se résout à faire jouer enfin « Le Drame de sa Vie », c’est-à-dire presque tout ce que Molière signa. — Il le fera dans un secret absolu ; mais s’il donne Agnès au théâtre et même s’il ne signe point, il lui faut quitter Rouen, à jamais.
Il déménage. Quatre dates vous diront pourquoi.
7 octobre 1662. — Corneille quitte Rouen pour Paris et redevient le voisin de Molière.
21 novembre. — Achevé d’imprimer L’Étourdi.