Page:Louÿs - Œuvres complètes, éd. Slatkine Reprints, 1929 - 1931, tome 11.djvu/115

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interdit d’être « mari » si tel est le caprice de ses ascendants ?


Il est trop clair que les lois en vigueur n’ont pas été conçues spécialement pour favoriser la croissance de la natalité publique. On ne saurait s’en étonner. Ceux qui les ont codifiées au commencement de ce siècle n’avaient pas les mêmes raisons que nous de regarder l’avenir avec appréhension. En outre, l’organisation de la famille française s’est achevée sous l’influence du droit canon et du droit romain qui revêtaient hier encore un aspect d’éternité et qui nous surprennent aujourd’hui par l’imminence de leur déclin.

L’avenir est à ceux qui savent le prédire. Se réformer, c’est se conformer à l’évolution irrésistible et lente des sociétés en marche vers le but inconnu. Au milieu du siècle dernier, on traitait de songe-creux et de lunatiques ceux qui prétendaient aplanir les hiérarchies traditionnelles et renverser même la personne du Roi. Cependant la jeune Amérique n’a pas eu besoin d’un chef héréditaire pour dépasser en quelques années vingt nations vieilles de quinze siècles. Ainsi peut-être on reconnaîtra bientôt que la famille elle-même, telle qu’elle est ordonnée aujourd’hui, n’est pas la base intangible qu’on ne puisse alléger sans que tout s’écroule sur elle.