Page:Louÿs - Œuvres complètes, éd. Slatkine Reprints, 1929 - 1931, tome 11.djvu/132

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l’Église constate la nullité de l’union qu’elle avait préparée sans prétendre la conclure, moins présomptueuse en cela que l’état-civil. Et, pour que cette union soit qualifiée de nuptiale, il ne faut, devant le maire comme devant l’autel, qu’un serment. — Eh bien, nous trouvons, en France, toute naturelle la rupture de cette foi jurée. L’adultère est sympathique, cela est assez connu pour qu’il soit inutile d’apporter là une démonstration. Tout Paris, pour le jeune amant, a les yeux de la femme mariée. Mettez-les tous les deux en scène, et une salle de deux mille personnes de tout âge et de toute classe, applaudira, n’en doutez point.

Mais :

Devant le même public et dans le même théâtre, introduisez un conférencier qui propose de porter atteinte au mariage, non plus dans ce qu’il a de sacré, d’universel et de nécessaire, mais dans ce qu’il offre de variable selon le temps et de particulier selon les nations, — l’âge requis, les formalités, le consentement paternel, — aussitôt on interpellera l’orateur, on l’accusera de « toucher à l’institution de la famille » et de compromettre par là l’équilibre de la société.


Voilà donc une opinion reçue : sympathiser avec l’adultère, ce n’est pas « toucher à l’institution de la famille », mais vanter, par exemple, les droits