Page:Louÿs - Œuvres complètes, éd. Slatkine Reprints, 1929 - 1931, tome 11.djvu/139

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

de les voir jamais obéies. On continuera, en France, à conclure les mariages à peu près selon la mode de quelques peuplades nègres : par voie d’achat entre deux familles. La volonté des jeunes amants restera chose négligeable, et impuissante contre celle d’autrui. Des milliers de couples charmants, en qui la nature avait mis ses affinités mystérieuses, n’oseront jamais joindre leurs lèvres par-dessus la barrière des lois. Que de larmes ! Que de sanglots à venir ! Et chaque année, régulièrement, l’an prochain comme l’an dernier, quatre ou cinq cents jeunes filles de France se jetteront dans l’inconnu, la corde au cou, le poison à la bouche ou les bras vers la rivière, pour avoir entendu, un soir, le :

« Non ! tu ne l’épouseras pas. »


18 Décembre 1900.