Page:Louÿs - Œuvres complètes, éd. Slatkine Reprints, 1929 - 1931, tome 11.djvu/145

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page nécessaire, l’obstacle de notre orthographe sera invincible pour ceux qui n’auront appris que la nouvelle et on ne le franchira pas. Je le répète, le trésor de nos bibliothèques publiques, tel qu’il est aujourd’hui amassé, perdra toute valeur pour la nation. Nos livres ne seront plus des instruments de travail.

On réimprimera, dit-on ? Mais c’est une rêverie. On ne réimprimera pas la millième partie de ce qui est nécessaire à un travailleur. Quel que soit le champ de l’activité individuelle, quelle que soit notre profession, elle suppose toute une catégorie d’ouvrages fondamentaux, de « Dalloz », impossibles à remettre sous presse et qu’il est indispensable de connaître sous peine de rester plus médiocre. Si l’on ne peut plus les lire, ces ouvrages de fonds, il faudra bien se contenter des compilations hâtives que l’on fabriquera commercialement pour la circonstance et qui auront à peu près la valeur de manuels à l’usage des classes. La science française n’y résistera pas.

L’influence française non plus. Notre gloire à l’étranger est faite de notre passé. Montesquieu y tient plus de place que tous les auteurs vivants réunis. Si nous adoptons une orthographe radicalement différente de la sienne au point d’être méconnaissable, laquelle enseignera-t-on dans les lycées allemands. Je crois bien qu’il faut répondre : aucune. Les hommes qui dirigent l’en-