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promises quelques semaines auparavant. Un officier russe, un officier italien, un officier espagnol, tous trois en grand costume, et suivis de leurs couleurs, venaient chanter sur les planches les couplets les plus outrageants pour leurs pays. C’était en été : les étrangers emplissaient la salle et, entre Français, nous nous demandions pourquoi la Censure avait reçu le droit d’interdire les tragédies de M. de Bornier, si les questions de convenances internationales étaient à ce point ignorées d’elle.

Ici, les censeurs n’avaient pas seulement laissé faire, ils étaient protecteurs et complices, puisque, d’après la loi, ils signaient le manuscrit. Cette signature étant une sauvegarde pour la direction du théâtre, celle-ci n’avait pas hésité à monter la pièce. Il est probable qu’elle y aurait regardé à deux fois si, après l’abolition de la Censure, l’auteur avait exposé la maison à un procès diplomatique.

Mais comment toutes les complaisances des lecteurs officiels ne seraient-elles pas acquises aux théâtres bouffes ? Les censeurs eux-mêmes écrivent pour les petites scènes qu’ils sont appelés à morigéner.

L’un d’eux (il est toujours en fonctions) est l’auteur d’une petite pièce qu’il a intitulée : la Noce à Mézidon… Charmante qualité d’esprit !… Et voici un spécimen de son talent poétique. Je