Page:Louÿs - Œuvres complètes, éd. Slatkine Reprints, 1929 - 1931, tome 11.djvu/48

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

des bibliothèques. Il n’est pas donné, même aux plus savants, d’être un J. de Morgan ou un Flinders Petrie, et de ressusciter un monde en tombant sur la bonne cachette. On le verra curieusement par l’anecdote que voici ; elle est tout à fait récente et je ne la crois connue que par les gens du métier :

Un petit champ inculte, dans la plaine de Pompéi, avait été choisi par la direction des fouilles pour recevoir l’amas des terres provenant des excavations ; car il faut bien qu’on jette cela quelque part, et la mer est un peu trop loin pour qu’on puisse le lui porter. Certain jour, un savant italien, M. Sogliano, se promenant dans la campagne du Vésuve, vit ce petit champ, et ce qu’on en faisait. Il examina le site et les lieux, le tracé de la route antique, la conformation du terrain ; puis il se rendit auprès de ses confrères qui dirigeaient les travaux, leur dit qu’ils agissaient au rebours du sens commun et qu’au lieu d’apporter des terres en cet endroit du paysage, ils devraient fouiller précisément là.

On lui fit observer qu’on était en pleine campagne, qu’il n’y avait pas de raison pour supposer qu’un Pompéien eût bâti jadis une villa solitaire sur cet emplacement ; que d’ailleurs le terrain n’appartenait pas à l’État et qu’il faudrait mille démarches pour en obtenir l’acquisition.

Les démarches, il les fit, ou les fit faire, je ne