Page:Louÿs - Œuvres complètes, éd. Slatkine Reprints, 1929 - 1931, tome 11.djvu/54

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Jadis, on comprenait les besoins de la foule, sa soif de lumières, d’or, de rouge, et de clairons. On lui donnait moins chichement ce pain de joie et ce souvenir. Peut-être serait-il intéressant de comparer ici à la fête actuelle dont on blâme déjà l’éclat, la Fête telle qu’elle pourrait être si on lui accordait vraiment des « crédits illimités ». Nous remonterons au delà de vingt et un siècles pour en trouver l’exemple, mais celui-là du moins mérite d’être conté.



Voici quel fut le cortège qui traversa la ville d’Alexandrie, soixante ans après sa fondation, cortège si considérable que la Bannière de l’Étoile du Matin en ouvrit la marche au lever de cet astre et que la Bannière de l’Étoile du Soir la ferma au soleil couchant.

On observera qu’il ne s’agit pas là d’un conte, ni d’une rêverie, mais que nous possédons sur cette fête un document historique[1] qui a tous les caractères d’une relation officielle.

En outre, on notera qu’elle ne fut pas ordonnée par un prince de décadence, épris de faste et de débauches, mais par le plus sage, le plus pacifique

  1. Kallixeinos le Rhodien, contemporain de Ptolémée Philadelphe et témoin de la fête, en donnait la description dans son Alexandrie (livre IV). Athénée nous a conservé son récit (édition Kaibel, t. I, p. 435-450).