Page:Louÿs - Œuvres complètes, éd. Slatkine Reprints, 1929 - 1931, tome 11.djvu/76

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superflu que les richesses des bois et des plaines, les Mytiléniens n’amassent pour trésors que le miel de leurs abeilles : ils en ont fait le symbole du bonheur.


Soyons doux pour ce peuple innocent et simple que les Turcs laissent en paix depuis soixante-dix ans. Si nous débarquons dans ses ports merveilleux, s’il nous faut quelque temps nous substituer à ses maîtres, et surtout si notre établissement dans l’île doit se prolonger au delà de nos ambitions, montrons-nous discrets et faciles à l’égard de ces villageois qui ne sont pas responsables des fautes du sultan. Ils ignorent la question des quais et les écoles de Syrie. La créance Lorando n’est pas à leur compte. Allons chez eux comme des amis. Notre cause est déjà gagnée auprès d’eux puisque leurs aversions et nos hostilités s’adressent pour l’instant au même personnage.

Enfin, soyons respectueux pour le sol où reposent leurs glorieux ancêtres. C’est là, c’est dans l’île de Lesbos que les premiers lyriques ont chanté leurs premiers vers dans une langue européenne. C’est de là qu’ont jailli les sources de l’ode et les larmes de l’élégie. Tous ceux qui ont trouvé dans les strophes d’un poète le rythme de leurs enthousiasmes ou la consolation de leurs désespoirs doivent regarder cette île comme