Page:Louÿs - Œuvres complètes, éd. Slatkine Reprints, 1929 - 1931, tome 12.djvu/132

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Lorsque Mars désolait mes campagnes fertiles,
Tu maintenais tes champs et tes peuples tranquilles.
Tout le monde, agité de tant de mouvements,
Suivait le triste cours de ses dérèglements.

Toi seule, dans le port, à l’abri de l’orage,
Tu voyais les écueils où nous faisions naufrage.
Des princes irrités modérant le courroux,
Tu disposais le ciel à devenir plus doux.

Et, sans prendre intérêt aux passions d’un autre,
Tu gardais ton repos et tu pensais[1] au nôtre ;

Tu voyais à regret cent exploits inhumains
Et tu levais au ciel tes innocentes mains.

Tu recourais aux vœux quand nous courions aux
Tu recourais aux vœux quand nous cour[armes.
Nous répandions du sang, tu répandais des larmes.
Et, plaignant le malheur du reste des mortels,
Tu soupirais, pour eux au pied de tes autels.

Reine de l’univers, arbitre de la terre,
Tu me prêchais la paix au milieu de la guerre.
J’ai suivi tes conseils et tes justes souhaits
Et tu me fais la guerre au milieu de la paix !

  1. « Tu pensais. » Quelle trouvaille que ce mot-là !