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MAURICE DE GUÉRIN


Tamaris, 7 août 1910.

Merci de m’avoir fait connaître Maurice de Guérin. Je vois par le chœur des journaux que mon ignorance était mondainement impardonnable en cette semaine de centenaire. — Mais je n’aime pas çà du tout, j’aime mieux vous le dire tout de suite. On ne devrait pas avoir le droit de copier Chateaubriand si impudemment et si mal. Guérin n’a rien su voir, dans les Martyrs que la surface somptueuse, le manteau du style ; il ne sent pas que là-dessous il y a une armature, la construction de la phrase et que plus le choix des mots est éclatant plus l’erreur de place est dangereuse.

Tenez : j’ouvre à la meilleure page :

« Le roulement de mes pas… le retentissement du centaure errant et qui se guide lui-même. »

Et voilà ! tous les tonnerres de la langue française, les trombones et les tubas, le roulement, le retentissement, le centaure, tout çà ! pour aboutir à « qui s’guide lui-même », un triolet au bout d’un fifre.