Page:Louÿs - Œuvres complètes, éd. Slatkine Reprints, 1929 - 1931, tome 13.djvu/121

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L’IRIS



Je t’apporte un iris cueilli dans une eau sombre
Pour toi, nymphe des bois, par moi, nymphe de l’eau :
C’est l’iris des marais immobiles, roseau
Rigide, où, triste, oscille une fleur lourde d’ombre.

J’ai brisé, qui semblait un bleu regard de l’air,
L’iris du silence et des fabuleux rivages ;
J’ai pris la tige verte entre mes doigts sauvages
Et j’ai mordu la fleur comme une faible chair.

Les gestes et les fleurs, ô sereine ingénue,
Parleront pour ma bouche impatiente et nue,
Où brûlent mes désirs et l’espoir de tes mains :

Accueille ici mon âme étrangement fleurie
Et montre à mes pieds lents par quels obscurs chemins
Je mêlerai ta honte à ma vaste incurie.