Page:Louÿs - Œuvres complètes, éd. Slatkine Reprints, 1929 - 1931, tome 13.djvu/24

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Je ne suis qu’un enfant, Madame


Je ne suis qu’un enfant, Madame, et je sais bien
Que les très jeunes gens ne plaisent pas aux femmes,
Qu’il est d’assez bon ton de ne leur donner rien
Et de fermer son corps aux désirs de leurs âmes.

Mais laissez-moi parler, Madame, par pitié
Laissez-moi vous prier, vous regarder, vous suivre ;
À défaut de l’amour, donnez-moi l’amitié,
Et que j’aie un prétexte à vous regarder vivre !

J’irai derrière vous comme un chien sur vos pas :
Si je tombe à genoux, poursuivez votre route ;
Si je vous parle un peu, ne me répondez pas ;
Mais laissez-moi penser que votre cœur écoute.

Je serai trop heureux d’un sourire perdu :
Un sourire, c’est plus que je n’en veux encore.
À votre ombre toujours, de vous seule entendu,
Je ne dirai qu’à vous ce que le monde ignore.