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DANS LA FORET DE GASTINE


Forêt, haute maison des oiseaux
bocagers.
    P. DE R.


Sur les herbis et sur les graviers
Un ruisseau flue entre deux sentiers
 Où tu passas peut-être ;
Pieusement, sans bruit, j’y pénètre
Cherchant la trace encor de tes pieds.

Jà trois cents ans elle est effacée ;
Mais la futaie au vent balancée
 Garde ton souvenir,
Maître ! et je sens aller et venir
Parmi l’air ta divine pensée.

Le vert Léthé tu laisses parfois
Et viens chercher aux lieux d’autrefois
 L’ombre dodonéenne,
À l’heure vague où la nuit ramène
L’horreur sacrée et la paix des bois.