Page:Louÿs - Œuvres complètes, éd. Slatkine Reprints, 1929 - 1931, tome 2.djvu/147

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LA JONGLEUSE


Quand la première aube se mêla aux lueurs affaiblies des flambeaux, je fis entrer dans l’orgie une joueuse de flûte vicieuse et agile, qui tremblait un peu, ayant froid.


Louez la petite fille aux paupières bleues, aux cheveux courts, aux seins aigus, vêtue seulement d’une ceinture, d’où pendaient des rubans jaunes et des tiges d’iris noirs.


Louez-la ! car elle fut adroite et fit des tours difficiles. Elle jonglait avec des cerceaux, sans rien casser dans la salle, et se glissait au travers comme une sauterelle.


Parfois elle faisait la roue sur les mains et sur les pieds. Ou bien les deux bras en l’air et les genoux écartés elle se courbait à la renverse et touchait la terre en riant.