Page:Louÿs - Œuvres complètes, éd. Slatkine Reprints, 1929 - 1931, tome 2.djvu/180

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« Eau pure du bassin, miroir immobile,
      Dis-moi ma beauté
— Ô Bilitis, ou qui que tu sois,
Téthys peut-être ou Amphitrite,
      Tu es belle, sache-le.


Ton visage se penche sous ta chevelure épaisse,
Gonflée de fleurs et de parfums.
Tes paupières molles s’ouvrent à peine,
Et tes flancs sont las des mouvements de l’amour


Ton corps fatigué du poids de tes seins
Porte les marques fines de l’ongle
Et les taches bleues du baiser.
Tes bras sont rougis par l’étreinte.
Chaque ligne de ta peau fut aimée.


— Eau claire du bassin, ta fraîcheur repose.
Reçois-moi qui suis lasse en effet.
Emporte le fard de mes joues
Et la sueur de mon ventre
Et le souvenir de la nuit. »