Page:Louÿs - Œuvres complètes, éd. Slatkine Reprints, 1929 - 1931, tome 2.djvu/199

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TRISTESSE


Ô ma jeunesse ! ma jeunesse lointaine et toujours vivante, qui n’êtes plus en moi, mais qui me regardez ; ma jeunesse amie qui me prenez la main ;

Que je fus sage de vous interdire presque toutes les voluptés ! La seule qui flamba dans votre brasier fut la grande, l’immortelle, victrice même de vous.

Les autres me sont restées vierges. Il en est que je ne veux pas connaître. Il en est qui sont venues à moi quand vous m’aviez quitté, jeunesse.

Et qui étaient trop belles pour votre âge distrait. Elles me sont si douces qu’aujourd’hui s’il me fallait choisir entre vous et elles, je ne remonterais pas le cours de mon destin.