Page:Louÿs - Œuvres complètes, éd. Slatkine Reprints, 1929 - 1931, tome 3.djvu/27

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Or, les Corinthiennes étant venues jusqu’à l’antre le plus profond, le plus sombre de toute la forêt, si déserté des bêtes et des hommes que le silence semblait lui-même s’y éteindre et laisser place à quelque chose de plus indicible encore, elles reculèrent d’un pas, levèrent leurs mains le long des tempes, et, sans voir, ouvrirent les paupières, et ouvrirent les lèvres, sans parler.

Tremblantes, car elles se sentaient attirées par la nuit, elles se serrèrent l’une à l’autre, comme les pauvres petites âmes des morts se pressent devant la porte de l’Hadès, et font effort pour n’entrer pas.

La voix de Thrasès les tira de leur terreur engourdie :

« Assurément, disait-il, ceci est une des entrées du Tartare ; mais il n’y a pas lieu d’être effrayées ; nulle de vous ne regardera les torches noires de