Page:Louÿs - Œuvres complètes, éd. Slatkine Reprints, 1929 - 1931, tome 4.djvu/125

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d’ici, je penserai à elle. Pourquoi me parles-tu de la Mort, Démétrios ? »

Il dit simplement :

« La Mort ce soir. »

Par terreur, elle éclata de rire :

« Ce soir… mais non… qui a dit cela ? Pourquoi mourrais-je… réponds-moi, parle… Quelle horrible raillerie…

— Tu es condamnée.

— Par qui ?

— Par ton destin.

— Comment le sais-tu ?

— Je le sais parce que je suis mêlé, Touni, à ton destin.

— Et mon destin veut que je meure ?

— Ton destin veut que tu meures, par ma main, sur ce banc. »

Il lui saisit le poignet. « Démétrios… bégaya-t-elle épouvantée. Je ne crierai pas, je n’appellerai pas, laisse-moi parler… »

Et elle essuya son front en sueur.

« Si la mort me vient de toi… la mort me sera douce… Je l’accepte, je la veux, mais écoute…


« Elle l’entraînait dans la nuit du bois, en chancelant de pierre en pierre.

« Puisque tu as dans les mains, poursuivit-elle, tout ce que nous recevons des dieux… le frisson qui nous donne la vie et celui qui nous l’arrache…