Page:Louÿs - Œuvres complètes, éd. Slatkine Reprints, 1929 - 1931, tome 4.djvu/129

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Mais Démétrios ne s’arrêta pas à ce raisonnement. L’aventure qu’il poursuivait lui parut vraiment trop intéressante pour en escamoter les incidents violents. Il craignit de regretter plus tard d’avoir effacé de l’intrigue une scène courte et cependant nécessaire à l’harmonie de ses proportions. Souvent il ne faudrait qu’une défaillance vertueuse pour réduire une tragédie aux banalités de l’existence normale. La mort de Casandra, se dit-il, n’est pas un fait indispensable au développement d’Agamemnon, mais si elle n’avait pas lieu, toute l’Orestie en serait gâtée.

C’est pourquoi, ayant coupé la chevelure de Touni, il serra dans ses vêtements le peigne d’ivoire historié et, sans réfléchir davantage, il entreprit le troisième des travaux commandés par Chrysis : la prise du collier d’Aphrodite.


Il ne fallait pas songer à entrer au temple par la grande porte. Les douze hermaphrodites qui gardaient l’entrée eussent sans doute laissé passer Démétrios, malgré l’interdiction qui arrêtait tout profane en l’absence des prêtres ; mais il lui était inutile de prouver aussi naïvement sa future culpabilité, puisqu’une entrée secrète menait au sanctuaire.

Démétrios se rendit dans une partie du bois déserte où se trouvait la nécropole des grands prêtres de la déesse. Il compta les premiers tom-