Page:Louÿs - Œuvres complètes, éd. Slatkine Reprints, 1929 - 1931, tome 4.djvu/29

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mains obscures de l’esclave se mouvoir dans les cheveux profonds, arrondir les touffes, rentrer les mèches folles et sculpter la chevelure comme un rhyton d’argile torse. Quand tout fut accompli, Djala se mit à genoux devant sa maîtresse et rasa de près son pubis renflé, afin que la jeune fille eût, aux yeux de ses amants, toute la nudité d’une statue.

Chrysis devint plus grave et dit à voix basse :


« Farde-moi. »


Une petite boîte en bois de rose, qui venait de l’île Dioscoride, contenait des fards de toutes les couleurs. Avec un pinceau de poils de chameau, l’esclave prit un peu d’une pâte noire, qu’elle déposa sur les beaux cils courbes et longs, pour que les yeux parussent plus bleus. Au crayon deux traits décidés les allongèrent, les amollirent ; une poudre bleuâtre plomba les paupières ; deux taches de vermillon vif accentuèrent les coins des larmes. Il fallait, pour fixer les fards, oindre de cérat frais le visage et la poitrine : avec une plume à barbes douces qu’elle trempa dans la céruse, Djala peignit des traînées blanches le long des bras et sur le cou ; avec un petit pinceau gonflé de carmin, elle ensanglanta la bouche et toucha les pointes des seins ; ses doigts, qui avaient étalé sur les joues un nuage léger de