Page:Louÿs - Œuvres complètes, éd. Slatkine Reprints, 1929 - 1931, tome 4.djvu/290

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le long des membres allongés. Puis il lui toucha les pieds et lui demanda :

« As-tu senti ? »


Elle répondit :

« Non. »


Il lui toucha encore les genoux et lui demanda : « As-tu senti ? »


Elle fit signe que non, et subitement, d’un mouvement de bouche et d’épaules (car ses mains mêmes étaient mortes), reprise d’une ardeur suprême, et peut-être du regret de cette heure stérile, elle se souleva vers Démétrios… mais avant qu’il eût pu répondre, elle retomba sans vie, les deux yeux éteints pour toujours.


Alors l’exécuteur ramena sur le visage les plis supérieurs du vêtement ; et l’un des soldats assistants, supposant qu’un passé plus tendre avait un jour réuni ce jeune homme et cette jeune femme, trancha du bout de son épée l’extrême boucle de la chevelure sur les dalles.

Démétrios toucha cela dans sa main, et en vérité, c’était Chrysis tout entière, l’or survivant de sa beauté, le prétexte même de son nom…


Il prit la mèche tiède entre le pouce et les