Page:Louÿs - Œuvres complètes, éd. Slatkine Reprints, 1929 - 1931, tome 4.djvu/303

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s’enfonçaient dans la chevelure et elle lui parla ainsi :


« Chrysis, ma Chrysis, toi qui étais la plus belle et la plus adorée des femmes, toi si semblable à la Déesse que le peuple t’a prise pour elle, où es-tu, maintenant, qu’a-t-on fait de toi ? Tu vivais pour donner la joie bienfaisante. Il n’y a jamais eu de fruit plus doux que ta couche, ni de lumière plus claire que tes yeux ; ta peau était une robe glorieuse que tu ne voulais pas voiler ; la volupté y flottait comme une odeur perpétuelle ; et quand tu dénouais ta chevelure, tous les désirs s’en échappaient, et quand tu refermais tes bras nus, on priait les dieux pour mourir. »


Accroupie sur le sol, Rhodis sanglotait.


« Chrysis, ma Chrysis, poursuivit Myrtocleia, hier encore tu étais vivante, et jeune, espérant de longs jours, et maintenant voici que tu es morte, et rien au monde ne peut plus faire que tu nous dises une parole. Tu as fermé les yeux, nous n’étions pas là. Tu as souffert et tu n’as pas su que nous pleurions pour toi derrière les murailles, tu as cherché du regard quelqu’un en mourant et tes yeux n’ont pas rencontré nos yeux chargés de deuil et de pitié. »