Page:Louÿs - Œuvres complètes, éd. Slatkine Reprints, 1929 - 1931, tome 4.djvu/310

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au cimetière, ma petite amie et moi, mais il est lourd et nous te demandons si tu veux bien nous aider. Ce ne sera pas long. Aussitôt après, tu pourras retrouver tes femmes… »

Timon eut un regard excellent :

« Pauvres filles ! Et moi qui riais ! Vous êtes meilleures que nous… Certainement je vous aiderai. Va rejoindre ton amie et attends-moi, je viens. »

Se retournant vers les quatre femmes.

« Allez chez moi, dit-il, par la rue des Potiers. J’y serai dans peu de temps. Ne me suivez pas. »


Rhodis était toujours assise devant la tête du cadavre. Quand elle vit arriver Timon, elle supplia :

« Ne le dis pas ! Nous l’avons volée pour sauver son ombre. Garde notre secret, nous t’aimerons bien, Timon.

— Soyez rassurées », dit le jeune homme.

Il prit le corps sous les épaules et Myrto le prit sous les genoux, et ils marchèrent en silence et Rhodis suivait, d’un petit pas chancelant.


Timon ne parlait point. Pour la seconde fois en deux jours, la passion humaine venait de lui enlever une des passagères de son lit, et il se demandait quelle extravagance emportait ainsi