Page:Louÿs - Œuvres complètes, éd. Slatkine Reprints, 1929 - 1931, tome 4.djvu/46

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Il est aussi puissant qu’elle et c’est elle qui l’a voulu.

— Il n’a pas l’air heureux. Pourquoi a-t-il l’air si triste ? Il me semble que je serais heureux si j’étais lui. Je voudrais bien être lui, ne fût-ce que pour une soirée… »

Le soleil s’était couché. Les femmes regardaient cet homme, qui était leur rêve commun. Lui sans paraître avoir conscience du mouvement qu’il inspirait, se tenait accoudé sur le parapet, en écoutant les joueuses de flûte.

Les petites musiciennes firent encore une quête ; puis, doucement, elles jetèrent leurs flûtes légères sur leurs dos ; la chanteuse les prit par le cou et toutes trois revinrent vers la ville.

À la nuit close, les autres femmes rentrèrent par petits groupes, dans l’immense Alexandrie, et le troupeau des hommes les suivait ; mais toutes se retournaient, en marchant, vers le même Démétrios.

La dernière qui passa lui jeta mollement sa fleur jaune, et rit. Le silence envahit les quais.