Page:Louÿs - Œuvres complètes, éd. Slatkine Reprints, 1929 - 1931, tome 4.djvu/82

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jour, si, comme ta sœur Théano joue de la flûte auprès de toi, tu restais jamais à coucher dans les maisons où l’on nous emploie, alors je n’aurais même pas la pensée de dormir seule dans notre lit, et tu me trouverais, en rentrant, étranglée avec ma ceinture. »

Les longs yeux de Rhodis se remplirent de larmes et de sourire, tant l’idée était cruelle et folle. Elle posa son pied sur une borne :

« Mes fleurs me gênent entre les jambes. Défais-les, Myrto adorée. J’ai fini de danser pour cette nuit. »

La chanteuse eut un haut-le-corps.

« Oh ! c’est vrai. Je les avais oubliés déjà, ces hommes et ces filles. Ils vous ont fait danser toutes deux, toi dans cette robe de Côs, qui est transparente comme l’eau, et ta sœur nue avec toi. Si je ne t’avais pas défendue, ils t’auraient prise comme une prostituée, comme ils ont pris ta sœur devant nous, dans la même chambre… Oh ! quelle abomination ! Entendais-tu ses cris et ses plaintes ! Comme l’amour de l’homme est douloureux ! »

Elle se mit à genoux près de Rhodis et détacha les deux guirlandes, puis les trois fleurs placées plus haut, en mettant un baiser à la place de chacune. Quand elle se releva, l’enfant la prit par le cou et défaillit sous sa bouche.

« Myrto, tu n’es pas jalouse de tous ces débau-