Page:Louÿs - Œuvres complètes, éd. Slatkine Reprints, 1929 - 1931, tome 5.djvu/31

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Le lendemain matin, André Stévenol eut un réveil rayonnant. La lumière entrait largement par les quatre fenêtres du mirador ; et toutes les rumeurs de la ville, pas de chevaux, cris de vendeurs, sonnettes de mules ou cloches de couvents, mêlaient sur la place blanche leur bruissement de vie.

Il ne se souvenait pas d’avoir eu depuis longtemps une matinée aussi heureuse. Il étira ses bras, qui se tendirent avec force. Puis il les serra contre sa poitrine, comme s’il voulait se donner l’illusion de l’étreinte attendue.

« Comme la vie est facile ! répéta-t-il en souriant. Hier, à cette heure-ci j’étais seul, sans but, sans pensée. Il a suffi d’une promenade, et ce matin