Page:Louÿs - Œuvres complètes, éd. Slatkine Reprints, 1929 - 1931, tome 5.djvu/47

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Il y a trois ans, Monsieur, je n’avais pas encore les cheveux gris que vous me voyez. J’avais trente-sept ans ; je m’en croyais vingt-deux ; à aucun instant de ma vie je n’avais senti passer ma jeunesse et personne encore ne m’avait fait comprendre qu’elle approchait de sa fin.

On vous a dit que j’étais coureur : c’est faux. Je respectais trop l’amour pour fréquenter les arrière-boutiques, et je n’ai presque jamais possédé une femme que je n’eusse aimée passionnément. Si je vous nommais celles-là, vous seriez surpris de leur petit nombre. Dernièrement encore, en en faisant de mémoire le compte facile, je songeais que je n’avais jamais eu de maîtresse blonde. J’aurai toujours ignoré ces pâles objets du désir.