Page:Louÿs - Œuvres complètes, éd. Slatkine Reprints, 1929 - 1931, tome 5.djvu/95

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secrets. Si elles avaient raison, pourtant ! que de chastetés pleureraient, durant la vie éternelle, une vie terrestre insignifiante.

— Allons, reprit Concha, quittez-moi, Mateo. Vous voyez bien que ma chambre est vide. Ne soyez à cause de moi, ni impatient, ni jaloux. Vous me trouverez là, mon amant, dimanche soir, tard dans la nuit ; mais vous allez me promettre auparavant que jamais vous ne parlerez à ma mère, et qu’au matin vous me quitterez avant l’heure où elle s’éveille. Ce n’est pas que je craigne d’être vue : je suis maîtresse de moi, vous le savez ; aussi je n’ai besoin de ses conseils, ni pour vous, ni contre vous. C’est un serment juré ?

— Comme il te plaira.

— C’est bien. Soyez lié par ceci.


Et renversant la tête elle fit glisser entre les barreaux tous ses cheveux comme un ruisseau de parfums. Je les pris dans mes mains, je les pressai sur ma bouche, je me baignai le visage dans leur onde noire et chaude…

Puis ils s’échappèrent de mes doigts et elle ferma la fenêtre sonore.